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samedi 4 mars 2017

Morbidité et Grossitude

La prise de conscience qu'il existe une ontologie singulière au féminin est la seule conquête philosophique et politique qui reste à accomplir de la part de l'humanité toute entière pour qu'elle ai un avenir. Avis aux politiciens....

Les questions d'égalité de droit Hommes / Femmes si légitimes soient-elles sont des pièges hautement pernicieux si la conscience du féminin "singulier" n'est pas à l'origine. En son absence, ces questions éliminent radicalement les distinctions et conduisent à assimiler le féminin au masculin, c'est à dire à l'effacer. 

Un chat n'est pas un poisson, une femme n'est pas un homme. A part le droit à la vie, la question de l'égalité entre le chat et le poisson est dénué de sens car poisson et chat se distinguent clairement l'un de l'autre dans tous les esprits. 
En ce qui concerne l'homme et la femme, point de distinction. Une seule ontologie pour les deux genres comme si une femme ou un homme c'est toujours un homme. Cette posture commune à toute les civilisations est aussi absurde que de dire qu'un poisson ou un hérisson c'est un hérisson. 

Avant la question des droits des uns et des autres, en lieu et place de la recherche d'égalité c'est bien la question de l'équité qui doit être posée.
Le féminin aujourd'hui se manifeste dans tout ce qui pourrait l'absenter. La où il est présent il est assimilé et silencieux et si ce n'est pas le cas. Condamné à le devenir. 


A-t'on le droit d'être malade ?
Oui !
Et si on le devient, notre société se fait un devoir éthique de nous prodiguer des soins jusqu'à la guérison.

Tout le monde peut être malade. Grands et petits, hommes et femmes, jeunes et vieux, gros ou maigres. Tous peuvent être malade du foie, du cœur du dos et de la tête. Des genoux aussi et même des dents.

A-t'on le droit d'être gros? Oui! Mais dans les faits ce n'est pas approuvé.
On peut être malade de tout, mais on ne devrait pas être "malade d'être gros". Pourtant être gros n'est pas une maladie en soit. C'est un genre d'être. Tout dans notre société est fait pour organiser la confusion entre "être malade" et "être malade d'être gros". Cette confusion attribut le statut de maladie au fait d'être gros. S'il n'est pas interdit d'être malade il est interdit d'être gros.

Nuls ne devraient être obligés d'adapter son corps a une civilisation. C’est la civilisation qui doit être intégratrice de toutes les différences, de toutes les singularités et de toutes les diversités d'être.
A l'évidence, chaque civilisation n'accorde approbation qu'à une catégorie particulière de population. La civilisation par principe n’intègre pas. Elle est excluante par fondement de tout genre qui de prés ou de loin s'éloigne du codage de la norme.
Par exemple, une personne humaine n'est validée et approuvée que si elle possède une vitesse d'apprentissage normalisée, si elle a un corps normalisé, si son comportement ne s'écarte pas de la norme. Pour être approuvée en s’écartant de la norme, la personne humaine doit exploiter sa singularité ou être exclue.

Infiniment plus que l'homme, c'est la femme qui est obligée d'abord d'inhiber son esprit et ses aspirations profondes, puis d'adapter son corps à la civilisation.
Sa première adaptation vient de l’injonction implicite d’évacuer son féminin quand il s’expose au-delà du permissible, C’est à dire au delà de la norme. Là se pose la question de l’ontologie du féminin car c’est l’ontologie du masculin qui dicte la norme et pour les hommes et pour les femmes.

Nous aurons besoin du regard du sociologue, et de l’ethnopsychiatre pour interroger la "grossitude". "Le gros" dans toutes les sociétés prend un sens singulier. Dans la nôtre aussi. Mais exposé aux regards, le gros ne pose pas la même question que la grosse

Être gros stimule la compassion. Mais quand le signe du féminin dans une société comme la nôtre est incontestable, être grosse appel à la réprobation, construit la culpabilité et le malaise qui pousse la femme à la mutilation volontaire et salvatrice de son corps. Pour être sauvée et approuvée, la femme incontestable grave dans son corps le signe de son inexistence.

Derrière l'excès pondérale où l’obésité maladive invalidante, la question de la "grossitude" est societalement construite comme une maladie pour dissimuler aux regards de tous et toutes la question ontologique du féminin.

Rendre malade d'être "grosse"est une maladie de notre société incapable d'identifier l'être femme comme relevant d'une ontologie singulière. Cette Ontologie novatrice interroge l'unicité de l'ontologie que  l'homme veut universelle, en la faisant précisément chuter de son universalité. Ce faisant, l'ontologie devenant dialectique, elle dessine la femme comme étant l'autre de l'homme (...).

Si une telle prise de conscience arrivait dans notre culture, les conséquences éthiques politiques et économiques seraient considérables. Le monde entier en serait profondément bouleversé et lui insufflerait la suite de son évolution, hors de laquelle point de saluts pour aucunes civilisations

Constituer la grossitude comme une maladie permet d'institutionnaliser la mutilation des femmes avec l'alibi du soin et du confort.  Ainsi, dans un souci de santé, notre société peut à bon compte dissimuler son dénie du féminin. Dénie qui retombe inexorablement sur la femme en un dénie de soi... Et invariablement la rend malade.

L'approbation de la femme en tant que femme ne concerne encore que son image. Le féminin non dissimulable est radicalement condamnable. C'est la dedans que l'on peut tenter de comprendre la "grossophobie" de notre société. Ou pourquoi la femme dont l'image est incontestablement féminine est si réprouvée ?

La femme n'est approuvée que si elle inscrit d'une façon ou d'une autre, son image dans l’inexistence. L'anorexie mentale et l'ablation de l'estomac participent de la même phénoménologie morbide portée par toutes les représentations culturelles et sociales.
L'anorexie mentale est une psychose morbide. L'ablation de l'estomac qui permet de faire disparaître comme par enchantement 50 kg de chair en un temps record, retranche aussi à l'image de la femme 25 ans de sa vie qu'elle apprend en même temps à dénier.

L'ablation de l'estomac est une invalidation du plaisir de manger et bien souvent un assujettissement à vie à un traitement médicamenteux. Cet assujettissement inscrit la femme dans un lien de dépendance qui nous signifie la place du féminin dans la société. L'acceptation et la culture de cet assujettissement conforte la femme dans la hiérarchie des genres où elle se doit de s'effacer devant l'homme.
Mutilée et assujettie, la femme est enfin approuvée car elle est à sa place. Elle trouve enfin la paix intérieur dans la reconnaissance collective. Peut importe le prix a payer. Le bonheur n'a pas de prix.

Constituer le plaisir comme une iniquité naturelle à la femme et la cautionner par toutes les voies légitimes singulières à chaque société est le commun des femmes de cette planète.
Par exemple : en Occident, le plaisir de manger, en Afrique, le plaisir de jouir, ont en commun l'inscription de la la mutilation du corps de la femme dans les cultures. Mutilation légitime aux yeux de la femme, de l'homme et des morales locales.

Dans le champ ontologique, cette mutilation de principe signifie l'ablation du féminin commun à toutes les cultures.

L'anorexie et l'ablation sont bien deux expressions de nos sociétés qui exigent l'effacement du féminin pour se perpétuer. En échange de l'effacement de son féminin, de sa démission, la femme reçoit l'approbation politique et sociale qui la conforte à sa place, la réconforte et lui donne enfin l'opportunité de jouir d'elle même, ou de ce qu'il en reste, en toute approbation.

Qualifier l'obésité de "morbide" met tout particulièrement l'accent sur l'association de la mort et de la "grossitude".
Pourtant il existe des organisations morbides, des politiques morbides et des métiers plus morbides les uns que les autres. Des traitements morbides du public qui poussent ceux qui les subissent au suicide... etc...
Ceux qui ont une activité où l’espérance de vie est bien d'avantage invalidé que l’excès pondéral, ne voient pas leur activité qualifié de  morbide. Il serait pourtant indispensable d'identifier les activités morbides  pour soigner ce grand corps malade qu'est notre société en fin de post-modernité. Les politiciens pousseraient à l'ablation non de l'estomac mais de ce qui tue les gens en silence. Mais pour ça il faudrait qu'ils aient de l'estomac ou du cœur, ou même une conscience du partage en lieu et place de la rétention pour gouverner leurs rapports...

Quand on interroge l'obésité morbide on le fait essentiellement à travers le corps de la femme. Pourquoi ?
La question de l'obésité dans notre société concerne bien d'avantage la culture aveugle de la « morbitude » que le comportement des victimes de cette culture.

L'obésité de l'homme interroge la médecine la culture l'économie. Celle de la femme interroge la (sa) légitimité d'être femme, c'est à dire d'être distincte de l'homme.

Ne voir la question de la morbidité que chez la femme dont ma féminité est  incontestable, n'est-ce pas la meilleur façon de la contester et de ce fait d’annihiler le féminin en tant que singularité d'être (ontologie) ?

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