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jeudi 8 février 2018

L'état Internet

Il y a dans le monde deux sortes de nations. Celles qui exploitent et possèdent la finance et la technologie, et celles qui sont exploitées et possèdent les ressources des exploitants.

Les cultures du monde entier font dépendre leurs échanges internes et externes de plus en plus de l'internet. Ce point n’est pas anodin ; car l'internet est un enjeu si crucial de l'ordre public que les nations ont inventé de toutes pièces un champs de bataille, une logistique, une stratégie et des armes pour contrer ou initier la « cyberguerre » .

Face au cyber-univers, ces deux sortes de nations sont à égalités. Ils peuvent se faire la guerre à armes égales.
Les nations les plus pauvres ont tout intérêt à posséder la plus grande maîtrise possible du cyber-univers. Cet espace, financièrement et technologiquement accessible est le seul espace sensible qui confère de la puissance à ceux qui n'en possèdent pas ; soit pour renforcer l'ordre financier et politique mondial soit pour œuvrer à la déstabilisation de l'ordre publique ici ou là.
Ainsi, le réseau virtuel doit être considéré comme un fait  (de société - un paradigme) majeur, fondateur d'un ordre mondial destiné à transcender toutes les singularités politiques à travers les nations.

La globalisation de l'information transfert les rapports humains de la sphère concrète à la sphère virtuelle de façon de plus en plus dense jusqu'à ce que l’espace virtuel soit en passe de devenir l'espace dominant des rapports humains.

En première analyse ce phénomène initia l'émergence de régimes dit démocratiques c'est à dire à moindre effort de surveillance. Mais en réalité, l'internet n'est qu'un vaste « système-réseau » d'auto-surveillance à l'échelle des nations des entreprises et des individus. Et de ce fait, le seul résultat engendré par l’accentuation de la surveillance qu'est l'autosurveillance, est l'accentuation de l'autorité partout où les échanges virtuels se densifient.

Quand on se félicite ou que l'on se désole de la réaction des réseaux sociaux à un événement petit ou grand, on s'aperçoit en vérité que l'internet, agit comme un amplificateur de réaction c'est à dire un amplificateur de surveillance.

Le rapport virtuel se distingue du rapport réel par deux paramètres complémentaires. D'abord par la densité du réseau vers lequel l'information est délivrée, puis par la pauvreté abyssale de cette information. Mais la mission essentielle du réseau n'est pas la qualité de l'information mais la création du réseau lui même.

Ce qui s'y échange n'est d'aucune importance, ce n'est que l'alibi de la construction du réseau généralisé. Ce qui s'y échange relève par conséquent d'avantage du pulsionnel et de la croyance que de la raison et de la réflexion. Cette nature de l'échange est hautement favorisée par l'anonymat des « cyber-sujets ».  Dans l’anonymat "l'autre" comme sujet singulier, ne peut pas s'envisager sauf à considérer que "l'autre" est le fruit de l'imagination du sujet. Auquel cas, "l'autre" n'est jamais que le sujet lui même. 
C'est d'ailleurs exactement la façon dont l'autre est conçu dans internet. Alors que l'effort de civilisation consiste à évacuer la volonté de la recherche en l'autre de ce qui nous ressemble, internet déconstruit le progrès humain. 

Ce processus régressif a pour résultat de changer le concept de "l'autre" en supprimant l'identification ou en la rendant inutile et sans fondement, c'est à dire à nier l'autre dans sa singularité. La négation de l'autre poussera les cultures et les sujets à adopter une radicalité à l'égard de tout ce qui ne leur ressemble pas suffisamment. (...)

A cause de la densification des échanges virtuels, le cyber-sujet s'installe sans le savoir dans la dialectique « Gardien-Prisonnier ».
Le gardien est toujours invisible pour le prisonnier. Le prisonnier sait qu'il est surveillé mais il ne sait jamais ni quand ni par qui. A l'instar des rapports entre prisonnier et gardien dans l'univers prison, dans cyber-univers, le sujet est en même temps gardien et prisonnier. En tant que gardien il surveille une quantité très importante de sujet, en tant que surveillé, il ne sait jamais ni quand ni qui le surveille, quand il  a conscience de sa condition.

Ainsi la culture du virtuel immerge le sujet dans une logique de prisonnier quand il est surveillé et dans une logique de gardien quand il est surveillant.
Dans le virtuel où le sujet est en même temps gardien et prisonnier, il est le gardien et le prisonnier de sa propre aliénation.

Le principe de rétention trouve là dedans son aboutissement le plus achevé possible. Chacun devenant en même temps le surveillant et le surveillé sans le savoir, est l'exact dispositif interdisant les rapports véritables de partage véritable.
Alors même que le fondement de l'internet est « le partage », dans internet de quoi « le partage » est-il le nom ? Il est le nom de « la rétention » qui est son exact contraire. Le partage qui procède de la reconnaissance équitable de l'autre est définitivement absent à cause de la nature même du cyber-univers. Dans le cyber-univers, « le partage est une usurpation, une négation du « partage ».

Pour obtenir son ordre singulier, toute organisation met en place une politique de surveillance. Plus la mise en œuvre de cette politique est difficile, plus l'autorité des dirigeants augmente.
Ce rapport entre surveillance et autorité vaut pour toutes les organisations car toutes les organisations fondent leurs structures et le sens de leur existence sur le principe de rétention. Les petites entreprises comme des nations en passant par les familles fondent l'ordre qui les tient debout sur le principe de rétention.

Le principe de rétention dont relève toutes les sociétés du monde dont le réseaux virtuel est l'aboutissement structurant, commande et oblige à la maîtrise de l'autre que seul la surveillance devenue autosurveillance rend possible.

Internet comme phénomène social à l'échelle du monde permet de faire passer la surveillance par les autorités à l'autosurveillance mutuelle. Sur le plan psychosocial ce point est d'une extrême importance car il procède de l'ordre public par l'aliénation du sujet au lieu de l'ordre publique par son Éducation... 



La façon dont le virtuel impacte nos sociétés, initie à grande échelle et sur le long terme le nivellement des puissances politiques et à court terme le renforcement de ces puissances sur les populations. 

L'économie toute entière est structurée selon le principe de rétention. L'organisation économique orientée partout et depuis toujours vers l'enrichissement des uns par le travail des autres suppose la surveillance, le contrôle la maîtrise des dirigeants sur les dirigés. Et des uns sur les autres.

Dans la mondialité, le principe de rétention à atteint son sommet ; son point de singularité.
Le sommet de la rétention c'est la consommation de l'homme par l'homme dont les banques sont les maîtres d’œuvre.

L'identification du principe de rétention et sa mise en question est fondamental pour la poursuite de l'humanité. Identifier le principe de rétention produira une rupture ontologique sans laquelle l'humanité n'a aucun avenir. L'avenir de l'humanité passe obligatoirement par l'abandon du principe de rétention au profit du principe de partage pour commander à tous les rapports individuels collectifs culturels et institutionnels.

Maintenant que les humains ont atteint la mondialisation, ils ont le devoir de faire échec au principe de rétention qui gouverne l'humanité et les nations depuis toujours. Chaque humain sensé le sait, le sent, en fait l’expérience tous les jours. Mais comment faire ? Comment initier le changement de paradigme ?
Il suffit simplement de favoriser aveuglément « le partage » dans les lois, partout où l'opinion individuelle est requise. Et puis de favoriser l'équité à commencer par le droit des femmes à disposer d'elles mêmes. Ce point est fondamental car seul le féminin est l'autre de l'homme. Sans le concept de l'autre à l'échelle de l’espèce, point de concept de partage. C'est aussi simple que ça.

Par la conscience individuelle, par la volonté singulière de chaque humain, l'humanité pourra se débarrasser du principe de rétention et de son cortège d'arguments moraux comme on se débarrasse d'une cuirasse après la bataille. L'humanité ne peut pas être déléguée à l'autre. Surtout s'il à l'étiquette de dirigeant. Vouloir être diriger c'est abandonner sa conscience. Or, il ne saurait y avoir d'humanité sans conscience en chaque humain.

Le principe de partage comme fondement du comportement humain, est le principe par lequel l'humanité deviendra mature. La rétention sera remplacée par le partage comme source de sécurité achevée.