Le virtuel n'est pas un instrument de rencontre. Il
est l'expression du renoncement d'une société, d'une culture à
favoriser le dialogue, l'échange la rencontre. Une rencontre ne peut
s'effectuer qu'au travers d'un intérêt commun. Donc une rencontre
est toujours la conséquence d'un intérêt culturel quel qu'il
soit et de quelque nature qu'il soit. Le foot, l'alcool, la
politique, l'art sont autant de motifs communs qui construisent un pont
riche et vivant entre les individus.
Quel pont propose le virtuel pour lier les
individus? Le rien! C'est à dire l'archaïsme, le manque,
l'absence. L'archaïsme, le pulsionnel, le manque et l'absence
sont constitutifs de 99% des transactions sur les réseaux sociaux
et nous proposent de prendre le pas sur la réflexion la pensée et l'action.
L'OFFRE VIRTUELLE
L'offre de Twitter est la réaction pulsionnelle
instantanée et vite oubliée. Mais elle forge de plus en plus le
motif politique. Twitter devient de plus en plus source de loi et
d'ordre puisque ce réseau social est érigé au rang de
« thermomètre de l'opinion »
L'offre de Face-Book, c'est la confusion généralisée
du publique et du privé, de l'intime et du professionnel, du
familial et du commercial etc etc... De plus, le réseau social fait
entrer l'individu dans l'ubiquité (ubiquité = exister partout en
même temps).
Dans la vie courante, il est expérimenté par tout un chacun qu'il est
nécessaire et indispensable pour libérer sa force de travail
« d'oublier » ses problèmes personnels sur le lieu de
travail. La distinction des espaces est indispensable pour la pérennité de ces deux espace et par là, la constitution de l'individualité. Pour les mêmes raisons, il ne viendrait à l'idée de personne de se
promener dans un lieu publique en exhibant son intimité et les
photos de son chat à la façon d'un homme sandwich avec une cagoule
sur la tête pour rester anonyme.
Pourtant, le réseau social est un espace publique. Alors pour quelle raison toute la politique du réseau
social veut en faire un espace privé ?
Que signifie la transformation du monde en sa
virtuelle nature, en espace privé ?
D’où vient l'injonction obligatoire des réseaux
sociaux de mêler sans distinctions et intimement le publique le
privé le professionnel et l'intime ?
CONFUSION ET CONSCIENCE
De la distinction né l'identité et la pensée.
Mais sur internet il nous est imposé son contraire: la
confusion, alors même que les réseaux sociaux sont accessibles
partout et par tout le monde.
La confusion généralisée, l'indistinction et
l’ubiquité dans l'espace "Face-Book", offrent à l'individu un
univers confortable où coexistent dans l'indistinction, toutes les
confusions qui mêlent et entre-mêlent l'imaginaire et le réel pour
forger un autre genre d'être.
Le monde de l'indistinction et de la confusion
n'est-il pas par excellence celui du nourrisson ?
Tout ce qui est en rapport avec le Facebookiste
déconstruit son identité. Par exemple, au lieu de nommer
« contact » les anonymes qui s’agglutinent sur les
profils, ces anonymes sont nommés « des amis » sans
qu'il existe ni la moindre connaissance ni la moindre distinction
entre eux.
C'est bien plus qu'un abus de langage, c'est un
conditionnement inconscient qui donne à l'anonyme les propriétés
de l'ami, c'est à dire de l'amour.
Ami, est un concept que l'inconscient reçoit comme
un écho à l'absence. Ceci à deux conséquences: D'abord
l'inconscient étant nourri d'une multitude de regards « amis »,
il reçoit en écho ce qu'il attend et ce faisant démotive le sujet
à rechercher de véritables rapports.
Ensuite l'individu est motivé pour persévérer dans son inscription au virtuel, avec d'autant plus d'allant que l’accès au virtuel est bien plus facile que l’accès au réel. L’accès au virtuel ne nécessite aucun effort dans aucun domaine que ce soit et donne au sujet l'opportunité d'adopter n'importe quelle identité.La facilité, l'absence d'effort et l'indétermination de l'identité, n'est-ce pas aussi l'état de l'esprit du nourrisson.
Ensuite l'individu est motivé pour persévérer dans son inscription au virtuel, avec d'autant plus d'allant que l’accès au virtuel est bien plus facile que l’accès au réel. L’accès au virtuel ne nécessite aucun effort dans aucun domaine que ce soit et donne au sujet l'opportunité d'adopter n'importe quelle identité.La facilité, l'absence d'effort et l'indétermination de l'identité, n'est-ce pas aussi l'état de l'esprit du nourrisson.
Face-Book, n'offre que la régression à ses
pratiquants. Les rapports effectués par les individus à travers ce
réseau social les rapprochent de ceux effectués au stade du nourrisson, pire les y invitent. Cette
mise en régression des individus répond massivement à la commande
implicite d'extinction des cultures et des êtres. Cette commande est
pilotée par la recherche de la perpétuation de l’état de
« rétention » au moment où les consciences
individuelles et politiques devraient forcer le passage au
« partage » .
La constitution d'un espace approuvé de régression et de forclusion de l'esprit est aussi et surtout une atténuation de la sublimation, c'est à
dire une atténuation de la créativité et de la pensée.
C'est pour cette raison que toute personne plongée
dans internet devient archaïque, primaire, pulsionnelle et anonyme.
LE NACRISSISME
Le réseau social à ceci de particulier qu'il
permet d'exister virtuellement partout en même temps. Quelque soit
le lieu de résidence des interlocuteurs, chacun peut échanger en
même temps avec eux. La dispersion de l'individu en tous les lieux
augmente son anonymat et donc son inexistence.
Plus l'individu rayonne partout, plus se dissout son
identité puisque l'identité se construit par le retour du regard de
l'autre sur soi. Or, l’anonymat de l'autre, le prive d'un regard
singulier sauf à croire le contraire car la nature a horreur du
vide.
De cela naît le narcissisme. Le narcissisme est un
réflexe de compensation de l'anonymat. Le narcissique cherchera par
tous les moyens le regard de l'autre car sa conscience de lui-même
en dépend impérieusement. Dans l'anonymat partagé, ce qui se
trouve dans le regard de l'autre ne peut être que la projection du sien propre sur
soi-même.
Le regard d'un anonyme sur son propre anonymat ne
construit rien de mieux que le renforcement du narcissisme et de la paranoïa.
Et le nourrisson reste nourrisson.
Ainsi l'être devenu anonyme devient
extraordinairement dépendant du regard de l'autre Il ne supporte
in-finé que les regards anonymes. Les regards réels qui ne
proviennent pas de personnes connues sont sources de doutes et
d'anxiétés. La dépendance au regard anonyme transforme l'individu
en un être particulièrement fragile et addicte aux réseaux
sociaux.
Sans qu'il en prenne conscience, le narcissique
compense l'absence du regard des autres sur lui-même, avec le sien
propre. Et lorsque le regard réel des autres se pose sur lui, ce
regard déclenche un réflexe paranoïaque ou la panique s’amplifie
du doute. Pour lui, tout regard non anonyme, tout regards d'inconnus
qui ne seraient pas virtuels deviennent incontournablement intrusifs.
Le narcissisme est le fond de rapports de nos
cultures post-modernes. C'est pourquoi chacun est à la fois toujours
anonyme et en représentation. La politique comme l'information ne se
basent plus sur l'intelligence des idées mais sur l'effet de
communication adressé au pulsionnel des gens. Nos cultures, là où
s’épanouit la sociabilité virtuelle, ont dépassées
l'individualisme et sont devenues narcissiques Le culte de la
personnalité se base sur la notoriété médiatique dans laquelle la
qualité morale éthique ou culturelle de l'être est totalement
absente. Une société narcissique est une société ontologiquement
isolée et fragile où les individus vivent de plus en plus leur vie par
procuration..
Le gens sont dans le virtuel comme le voyeur qui
regarde une scène de vie derrière le trou de la serrure. Une scène
dans laquelle il n'est pas, et qu'il préfère voir sans être vue.
Une expérience de rencontre de l'autre et de la vie mais qui
n'appartient qu'à lui, en secret, et qui ne se partage pas. Que
voit-il ? Mais sa propre absence !
VIRTUEL DE MASSE
Dans notre modernité ultra riche, accroché au
sentiment de sécurité par « la rétention » il n'est
pas d'autres voies que l'abolition des êtres et des lois, qui
organisent leurs rapports pour maintenir les privilèges. Le virtuel
et les réseaux sociaux ne sont que l'écho du refus du « partage »
comme fond conceptuel des consciences et « du politique ».
Par le virtuel qui de place en place se substitue toujours plus au réel, il est offert aux gens, la confusion et la régression comme genre d'être; le pulsionnel et l'ignorance à la place de la pensée et de l'éducation.
Par le virtuel qui de place en place se substitue toujours plus au réel, il est offert aux gens, la confusion et la régression comme genre d'être; le pulsionnel et l'ignorance à la place de la pensée et de l'éducation.
Alors les gens, les politiques, les cultures
régressent et meurent dans l'indignité sans même s'en rendre
compte.
A force de confusions obligatoires, forcées et
partagées sur les réseaux sociaux, les gens sont amenés à perdre
de plus en plus la conscience du réel. Bien sûr pas vous qui me
lisez. Pas moi. Cela va de soi... Et bien non, vous faite fausse
route. Vous aussi, moi aussi.
Comment peut-on le savoir ? On ne peut pas!
Pourquoi ? Parce que savoir, prendre
conscience, suppose un minimum de recule sur les choses. Or, c'est
avec l'état de la conscience que l'on prend la mesure des choses
(l'être et les rapports de l'être) . Mais puisque ce que mesure la
conscience (l'être et les rapports de l'être) change la conscience
car la conscience est le fruit des rapports qu'elle effectue, il ressort qu'il n'est pas possible de mesurer notre conscience à partir des
jugements qu'elle arrête.
Par exemple, si la température du malade change les
graduations du thermomètre, la température sera toujours conforme à
ce que l'on veut.
Mais en notre conscience, nous avons un outil qui s'appel la raison qui nous permet de comprendre où nous en sommes quand on est dans le brouillard. C'est à elle que je fais appel, en écrivant ces lignes.
Il est établi que sur toute la planète, le virtuel
empiète sur la vie réelle. Le réseau social est un phénomène
mondial. Partout la communication virtuelle prend le pas sur
l'expérience réelle de la vie. Plus les gens passent du temps
devant les écrans, moins ils passent de temps dans la vie à prendre
conscience du monde et plus ils fondent une population malléable à
souhait hautement sensible à la communication médiatique, et les
gens deviennent de moins en moins capable de penser par eux même.
Il est vrai que pour communiquer, le virtuel ne demande aucun effort, en revanche il subtilise tout le temps libre chez de plus en plus de gens jusqu'au point qu'il faille construire le droit à la déconnexion.
Le virtuel ne permet pas de se rencontrer mais se
substitue à la vie. Il occupe le terrain de la communication de
telles sorte qu'il existe de moins en moins de place en l'individu
pour qu'il puisse et veuille s'ouvrir au monde.
Pour alimenter tous les profits qui dépendent du big data comme l'IA, les comptes virtuels, ici et là continuent d'exister alors que leur propriétaires sont morts et enterrés. Il y aura un jour plus de morts que de vivants recensés sur les réseaux sociaux.
Pour alimenter tous les profits qui dépendent du big data comme l'IA, les comptes virtuels, ici et là continuent d'exister alors que leur propriétaires sont morts et enterrés. Il y aura un jour plus de morts que de vivants recensés sur les réseaux sociaux.
UN PEU DE CONCLUSION
Qu'est ce qui nous fait humain ?
Ce sont nos gènes ? Non, presque rien ne les
distinguent des autres espèces.
Notre corps alors ? Non plus, celui qui perd un
bras ou une oreille n'est pas moins humain pour autant.
Ce qui nous fait humain est notre rapport singulier
à nous-même, à l'autre et au monde. Ainsi notre humanité n'est
pas dans le corps mais dans les rapports que l'on effectue.
Cependant, pour effectuer quelques rapports que ce soit, encore
faut-il exister dans une certaine maturité de l'esprit. Un adulte,
un vieillard, un nourrisson ou un malade sont tous aussi humains les
uns que les autres. Ils se distinguent par le corps et par l'état de
leur esprit.
La confusion qui est le fond universel du virtuel
change l'état de l'esprit des gens en les poussant à la régression
infantile. Ils ne sont pas moins humain pour autant, mais à force de
régressions, l'être fini par ne plus exister, du moins le virtuel
lui fait prendre le chemin de sa propre absence en lui annonçant le contraire.
Le réseau social tel qu'il est orchestré par ceux
qui les ont construits, alimente la régression. C'est à la fois le
plus facile à mettre en œuvre et le plus lucratif en terme de
finance et en terme de contrôle des masses.
En transposant la déconstruction de la maturité
humaine sur le corps, la culture du réseau social c'est la mise au
jour et l'évaporation de tout ce qui nous fait humain. Si on ouvre
un être vivant, on le tue. Si on étale au grand jour ce qui nous
fait humain, on tue l'humain en l'être.
La vie est la collection des rapports que nous
effectuons. Ces rapports sont cloisonnés comme sont distingués les
organes et les cellules selon leurs rôles et leurs spécialités.
C'est pourquoi la distinction des espaces de vie à l'instar des
organes doivent être étanche les uns par rapport aux autres.
En construisant la confusion entre vie publique vie
privée vie intime, vie professionnelle, Face-Book est comme un
scalpel culturel qui défait les cultures qui ouvre la vie des gens
et les tue gentiment, sans même qu'ils ne s'en rendent compte.
La culture de l'anonymat qui à l'échelle de
l'individu construit le sentiment de peur et augmente la paranoïa, produit à l'échelle des nations l’émergence du totalitarisme et
de l'autoritarisme. C'est ce que nous voyons fleurir en Turquie par
exemple ou aux États-unis (et ailleurs...) quand les démocraties,
sommet du paradoxe, accouchent des partisans du dictât.
Face à tout cela, pour le bien de l'humain et de
ses cultures, il est temps de passer dans les consciences de la
rétention au partage.
Dans le doute, quand tout va mal, il ne faut pas
avoir peur du voisin, il faut se tenir les coudes et changer de
route au lieu de persévérer avec les mêmes dirigeants.
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